Rétrospective : les premières éditions du Prix Mirabeau ont dix ans

Délégation parisienne, première place. Lille, 2015.

Crée à Grenoble en 2011, le Prix Mirabeau a eu le temps de faire le tour de la France et de ses dix IEP pendant dix ans. En raison de la crise sanitaire, la onzième édition du Prix – qui devait se tenir à Grenoble et initier un nouveau cycle de dix années – a été annulée, et c’est donc à Paris qu’il revient pour fêter son anniversaire.

A l’occasion, le Comité a rencontré Alexis Goin, ancien élève de Sciences Po Paris et habitué du Prix Mirabeau. Il a presque vu les débuts de cette tradition inter-IEP en participant il y a dix ans à la deuxième édition du Prix à Strasbourg. Il a aussi été organisateur du Prix à Paris en 2013 et accompagnateur de la délégation parisienne à Lille en 2015.

Nous lui avons posé quelques questions, parmi lesquelles il nous donne des réponses qui pourraient bien constituer de précieux conseils pour toutes les personnes souhaitant participer.

Comité. Quel souvenir gardes-tu de la dernière édition parisienne ? 

Alexis Goin. Au-delà des souvenirs de l’organisation, toujours prenante — courage à nos successeurs ! —, et des beaux moments d’art oratoire, il faut reconnaître que nous avions tous été un peu déçus par la troisième place en finale de la très bonne équipe de Paris, laquelle montrait toutefois que les dés n’étaient pas pipés en faveur des organisateurs. Cela dit, cette petite déception transitoire a eu la grande vertu de rendre les succès ultérieurs d’autant plus savoureux. Je me souviens à cet égard de la finale du prix Mirabeau 2015, qui s’est tenue à Lille, et à laquelle j’étais présent en tant que simple accompagnateur d’une délégation parisienne de très bon niveau. Lors de la finale, le jury avait d’abord annoncé le nom de la quatrième équipe, puis celui de la troisième… et enfin le nom de Lille, mais sans préciser nettement pour quelle place. Après quelques secondes de flottement pendant lesquelles tout le public s’était levé pour célébrer la victoire lilloise, nous avions obtenu la confirmation du jury que Lille était en fait deuxième… et Paris premier. Alors qu’un froid était tombé sur la salle comble, notre toute petite délégation — quelques personnes seulement — s’était levée pour célébrer bruyamment ce succès. Avec le recul, ce n’était pas un grand moment de tact de notre part, mais je souris encore aujourd’hui en repensant à cette “minute des dupes”.

Comité. Qu’est-ce que le Prix Mirabeau t’a apporté ?

Alexis Goin. À titre personnel, je pense surtout au prix Mirabeau 2012, qui se tenait à Strasbourg — ce devait être la deuxième édition. J’ai eu la chance d’y participer alors que je n’étais qu’en première année. Ayant été sélectionné, j’avais d’ailleurs dû renoncer à concourir au prix Philippe Séguin, le concours d’éloquence de Sciences Po Paris, dont la demi-finale se tenait à la même date que le Mirabeau à Strasbourg. Nous avions été éliminés au premier tour contre la ville hôte, sans avoir, je crois, trop démérité, et je garde au demeurant un très bon souvenir de l’expérience. Mais cet échec (fort supportable !) m’avait poussé à remettre le métier sur l’ouvrage et à m’affûter pour les concours d’art oratoire auxquels j’ai participé par la suite, notamment le prix Philippe Séguin.

Comité. Qu’est ce que tu penses que le Prix Mirabeau apporte aux gens qui y participent ? 

Alexis Goin. Il y a bien sûr, d’abord, le simple plaisir de la parole, pour convaincre et distraire, qui est ce qui nous amène toutes et tous à l’art oratoire. À cela, le prix Mirabeau ajoute, je trouve, quelque chose de très particulier, qui est la possibilité de se frotter à d’autres styles dans la prise de parole et à des formats originaux, qui ne sont pas toujours ceux que l’on pratique “à domicile”. Lors des prix Mirabeau auxquels j’ai participé comme candidat, comme organisateur ou comme accompagnateur, nous avons toujours constaté qu’il existait des traditions d’éloquence assez différentes de celle de Paris dans certains des autres IEP. En particulier, nous pratiquions moins l’exercice de la “joute” que celui du discours, contrairement à certains de nos concurrents, fort aguerris en la matière, souvent avec un style plus sérieux que celui des candidats parisiens. De même, à mon époque — je ne sais pas si tel est toujours le cas — les délégations n’avaient que quelques jours pour préparer leurs premiers discours, et une journée seulement pour le second tour, ce qui était plus court ou nettement plus court que les délais que nous pratiquions dans nos propres concours internes. Ces différents défis aidaient aussi à se renouveler et à ne pas céder à la routine.

Comité. Un conseil pour les personnes participantes ?

Alexis Goin. Quitte à verser dans la banalité, que j’assume pour l’occasion : amusez-vous, sans trop de calculs ! Si mes souvenirs de ma participation de 2012 sont bons, nous avions bridé et émoussé le discours vers lequel nous nous étions d’abord orientés à cause d’une polémique survenue quelques jours avant notre passage, en lien avec le sujet qui nous avait été donné, et qui nous avait semblé intimidante — je ne me la rappelle même plus dix ans après, ce qui montre que nous avions sans doute été effarouchés pour rien. Nos adversaires strasbourgeois du premier tour, eux, s’étaient montrés moins embarrassés, et ils avaient sans doute eu raison. Peut-être notre inspiration initiale ne nous aurait-elle pas permis de l’emporter, mais nous aurions eu le sentiment d’avoir tout fait pour !

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